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22 décembre 2006

Plaidoyer pour de vraies solutions constitutionnelles face à la criminalité en Haïti par Jean Lhérisson, directeur exécutif d’HSI (Haïti Solidarité International)

Haïti, plus besoin d’amender la constitution de 1987 ?

Peine de mort, une nouvelle mascarade nationale, ou une prise en charge du pays par le gouvernement ?

Face aux violences qui rongent le pays, et au raffinement des techniques macabres d’enlèvements - de pauvres, de gens aisés et d’enfants avec souvent des viols affreux - que vivent les populations de jour en jour, les institutions chargées d’assurer et de veiller la sécurité publique ne proposent que le rétablissement de la peine mort. Dans ce dessein, il semble qu’il n’y aura même plus besoin d’amender la constitution de 1987, tel que pourtant souhaité et martelé jusqu’alors par toute la panoplie des irresponsables tant nationaux qu’internationaux. Il faut avouer, la question est complexe quand on est paresseux et de mauvaise foi. La constitution n’empêche à aucun responsable d’être conséquent. Conséquent oui, et dans le respect des normes. Conséquent oui, mais en travaillant et s’élevant au-dessus de la mêlée. Nous n’avons pas besoin d’amender ni de mettre en veilleuse la constitution de 87 pour que la police, la justice prennent des mesures pour enrayer la criminalité. Il suffira que chacun fasse son travail, comme il se doit.

Cessez la pratique du comique

Au lieu de voir comment assumer le minimum de leurs responsabilités, les autorités de l’Etat prennent la tangente facile : faire une loi en plus. Nous en avons l’habitude depuis 1986. Et même, qui sait si ce n’est pas de la faute de la constitution de 1987, ces enlèvements ? Lorsque les dirigeants ne font que de la comédie oubliant totalement le tragique du peuple, cela veut dire simplement qu’ils ne font que rire, (tire lodyans) sur les pratiques et les réalités, et surtout qu’ils ne prennent pas au sérieux la vie et l’existence de ceux pour qui et par qui elles sont au fait de la gloire. Messieurs et Dames, les privilèges ont le goût d’un coût, le goût d’un prix ! Le bon peuple haïtien n’est même pas si exigeant, hein… Allons donc ! La constitution, malgré ses limites, elle ne saurait empêcher aux responsables de prendre en main les destinées du pays.

Imaginons l’absurde du rétablissement de la peine de mort

L’Assemblée Nationale arrive à faire passer une loi rétablissant la peine de mort. Et puis ? Ne court-elle pas le risque de se faire renvoyer du même coup ? Que ferait Haïti des conventions connexes qu’elle a signées ? Que ferait Haïti de la Constitution de 1987 qui, dans les faits demande près de dix ans pour tout amendement ? Qui arrêtera, qui procédera aux arrestations ? Certainement pas la Police. Puisque selon les dires répétés des dirigeants, elle fait partie du problème, en plus de son dénuement comparé à la richesse en armes et munitions des bandits connus fréquentés et répertoriés par des autorités publiques qui ont pu, fort de cela, privilégier la négociation pour endiguer le phénomène. Rira bien, qui rira le dernier… le rétablissement de la peine de mort ne va pas remplacer l’inertie et la débandade qui règne au sein des gouvernants

La justice haïtienne est à refaire ou non ?

Qui fera les procès ? Les juges qui n’ont rien et se plaignent depuis longtemps de la faiblesse de leur institution ? Le pays a en mémoire toute une série de cas judiciaires qui auraient dû faire l’objet de grands procès. Ils n’ont en fait été que parodies de justice où de petits histrions ont tant paradé qu’ils ont préféré des postes de directeurs, soit dans l’administration publique, soit dans les instances internationales, ou sont simplement devenus des suppôts de fortunes acquises sur l’impunité généralisée au cours des « moments démocratiques » consacrés par des fossoyeurs du dehors et du dedans, dans un pays meurtri dans sa chair et dans sa foi. Qui veillera à l’application stricte des lois ? On nous répondra assez vite, la Cour de Cassation. Et l’on sait le temps qu’il va falloir pour cela. Dans quelles prisons les morts en sursis seront-ils gardés et protégés, quand on se rappelle le nombre d’évasions durant ces quinze dernières années ? Dans quelles conditions seront gardés les condamnés ? Seront-ils séparés des prévenus ? Quel corps veillera à la sécurité de ces prévenus ou prisonniers ? Enfin, qui garantira la sécurité des condamnés ? La Police ou la Direction de l’Administration Pénitentiaire ? Et que fera-t-on de la politisation de l’Institution policière ? Certes depuis la constitution de 87, l’Etat ne peut plus faire comme par le passé, mais encore faut-il que les dirigeants soient responsables. Et plus d’un le dit : une réforme de la justice est nécessaire.

C’est là un ensemble de questions auxquelles nos parlementaires devront répondre avant d’entrer dans une procédure de mise en veilleuse d’un quelconque article de la Constitution de 1987.

A qui donc profite le crime ?

Quand on réfléchit sur la croissance de l’insécurité, la criminalité et le banditisme lié au mercenarisme- et écoutant les discours prônés par des « amoureux » de ce peuple qui, dans un élan brusquement humanitariste, prétextent la pauvreté des criminels pour expliquer les atrocités-, il est juste de se demander qui a intérêt de soutenir le système de l’impunité ? A qui donc profite le crime ?

Messieurs et Dames les députés, Messieurs et Dames les sénateurs, il est certain que les organisations de défense et de promotion des droits de l’homme vont crier fort contre une telle aberration. N’en déplaisent à certains parlementaires. Car en lieu et place de la responsabilisation de ceux qui sont payés pour garantir la sécurité des vies des biens, vous ouvrirez toutes les portes vers un renforcement du chaos national déjà si avancé. N’oubliez pas, aujourd’hui que vous êtes au Parlement, demain vous serez de simples citoyens, avec les mêmes risques d’abus que vit le quidam dans une justice qui a perdu son likou, dans un système policier en déraillement accéléré, selon l’idée même de ses responsables.

Pourquoi ne pas prendre la responsabilité de restreindre les libertés des « kidnappeurs » ?

Selon un ami averti avec qui je discutais, de votre lieu à vous, vous pouvez, dans un cas d’urgence, voter une loi pouvant restreindre les libertés individuelles pour certains crimes pendant un temps limité. Vous pouvez donc, pour une durée limitée, déclarez que les arrestations peuvent se faire 24 H/24. Bien sûr, il va falloir s’assurer qu’un corps de la Police ait une capacité de réponse appropriée, que des juges soient désignés, que les abus devront être prévus, et que des prisons proportionnelles soient rapidement érigées. Il ne faut pas croire que tous les criminels vont être arrêtés et jugés. Il faudra donc penser les structures, et rétablir la confiance au sein de la population.

Instaurer plutôt la confiance au sein de la population

Il va falloir, face à la quiétude des criminels, instaurer la confiance chez les citoyennes et citoyens. Qu’ils sachent que l’Etat veille, et que la société puisse avoir foi dans les institutions publiques. A ce moment, le pays notera que les autorités prennent leurs responsabilités. Ce n’est pas dans lodyans que l’on dirige les destinées d’un peuple, ce n’est pas dans la fuite en avant que l’on résout les problèmes d’un pays, et ce n’est même pas forcément en faisant de grandes choses que l’on dirige. La somme de petites responsabilités assumées peut aussi amener à une solide espérance, à une politique nationale bonne et efficace pour un avenir plus certain. Même sans trop de gloire, vous pouvez rester dans l’histoire. Juste en faisant votre petit boulot. Le pays n’attend que cela de vous, en attendant…

Jean LHERISSON jeanlher mac.com


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