Certes, la mortalité a régressé légèrement, mais ce recul est lié à
des types de cancers dont le pronostic est le plus mauvais (cancer du
poumon, cancer de l’oesophage). Ce recul n’est pas dû aux progrès thérapeutiques qui restent faibles pour ces cancers, mais à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme.
L’augmentation de l’incidence du cancer continue, par contre, sur la
même lancée que celle des dernières décennies : 250 000 nouveaux cas en 2002, 320 000 en 2007, soit 28 % d’augmentation.
Cela démontre que le plan cancer n’a eu aucun impact en ce domaine. 640 millions d’euros ont donc été dépensés pour aboutir à un résultat mince.
Il faut remettre en cause la stratégie d’un plan conçu avec les idées
des années 70, principalement basé sur la recherche de médicaments
anti-cancer. En matière de prévention, la stratégie du plan cancer ne
repose que sur tabac et alcool. La Cour des comptes évoque clairement
dans son rapport « les carences de l’Etat face aux cancers
professionnels et environnementaux ».
Cette carence est due à la cécité des responsables de l’Institut
national du cancer en ce qui concerne les causes environnementales.
L’INCa est coauteur du rapport des Académies de médecine et des
sciences, publié en octobre dernier, qui n’attribue que 0,5 % des
causes de cancer à la pollution. Aux Etats-Unis, l’Institut national
du cancer estime au contraire que deux cancers sur trois sont liés à
l’environnement !
Cette négation du rôle de l’environnement se retrouve dans la carence en outils d’observation. L’échec de la lutte contre le cancer provient aussi du dispositif de sécurité sanitaire qui continue d’être géré
comme si le principe de précaution n’existait pas.
L’actualité récente le démontre. Une étude italienne de haut niveau
montre que l’aspartame, cet édulcorant utilisé par 200 millions de
personnes dans le monde, induit des tumeurs mammaires, et des
leucémies chez le rat exposé dès la gestation à cet édulcorant.
Information déficiente
Pourtant, aucune information au public n’a été faite par l’Agence
française de sécurité sanitaire de l’aliment. Pas plus de réaction
devant le problème du Bisphénol A (BPA), cet additif des plastiques
utilisé dans les biberons, alors que le Canada a commencé à prendre
des mesures d’interdiction sur la base du rapport du « National
Toxicology Program » qui estime que celui-ci induit « des effets sur
le système nerveux et hormonal des foetus, des nouveau-nés et des
enfants ».
Les Verts ont demandé l’interdiction de la commercialisation de ces biberons.
Très inquiétants encore, le plan annoncé de la CNAM visant à ne plus
rembourser à 100 % certains médicaments pour les personnes en ALD
(Affections de longue durée), ainsi que les menaces de fermeture de
l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du
travail.
Cette politique est tragique au regard du drame que vivent
nos concitoyens, car le cancer touche un homme sur deux et une femme
sur trois, et la moitié en meurent.
L’épidémie de cancer doit être au coeur de la réforme du système de
santé et d’une façon générale la lutte contre l’épidémie de maladies
chroniques.