L’éco-habitat.
Présentation de l’intervenant
Sylvain Houpert est architecte à Angers, et a consacré sa thèse à l’architecture solaire.
Il s’intéresse depuis toujours aux énergies renouvelables et à la HQE (haute qualité environnementale). Pour l’instant, il travaille surtout sur des maisons individuelles avant de se lancer dans des gros projets pour le tertiaire (bureaux, lycées …).
Historique
Il y a un siècle, on ne parlait pas de maisons écolos… Car elles l’étaient par la force des choses . Mais tout n’était pas rose non plus, il pouvait y avoir des problèmes à respirer trop de fumée de feu de bois, ou des problèmes d’humidité qui développait des champignons toxiques.
Puis, on redécouvre la maison écolo dans les années 70. On parlait alors beaucoup de maisons solaires. Mais il y a eu des erreurs.
HQE (Haute Qualité Environnementale)
C’est une association qui a développé son action autour de 14 cibles pour aider les Maîtres d’Ouvrages à structurer leurs objectifs :
ECO-CONSTRUCTION
1. Relation harmonieuse des bâtiments avec leur environnement immédiat.
2. Choix intégré des procédés et produits de construction.
3. Chantier à faibles nuisances.
ECO-GESTION
4. Gestion de l’énergie.
5. Gestion de l’eau.
6. Gestion des déchets d’activité.
7. Gestion de l’entretien et de la maintenance.
CONFORT
8. Confort hygrothermique.
9. Confort acoustique.
10. Confort visuel.
11. Confort olfactif.
SANTE
12. Qualité sanitaire des espaces.
13. Qualité sanitaire de l’air.
14. Qualité sanitaire de l’eau.
…
On redécouvre la maison écolo dans son ensemble, y compris le tertiaire et l’industrie.
Le renouvelable n’est pas un critère obligatoire, même si le militantisme de certains a permis de mettre la priorité sur l’énergie.
Il y a un premier label "démarche HQE" sur le tertiaire neuf. Après viendra l’habitat. Et à terme cela deviendra une norme.
Actuellement, les normes de la construction sont ridicules par rapport à la HQE.
Depuis 2000, les normes en vigueur obligent à réduire les ponts thermiques. Mais les constructeurs ne suivent pas (on continue à ne mettre que des parpaings avec 8 cm de laine de verre, alors qu’il faudrait l’équivalent de 20 cm d’isolant pour atteindre une qualité HQE). La France est d’ailleurs le seul pays qui isole par l’intérieur, alors qu’il faudrait isoler par l’extérieur, y compris les fondations. Les Suisses et les Allemands font beaucoup mieux que nous, avec leurs normes « Minergie » pour la Suisse et « Passivhaus » pour l’Allemagne.
Quelques rappels
L’intérêt de l’habitat écologique est toujours double : sur notre santé et sur la nature.
En ce qui concerne l’investissement, il faut raisonner sur la durée de vie de la maison, c’est-à-dire environ un siècle. Le retour sur investissement peut intervenir dès 10-15 ans, compte tenu du fait que l’on peut diviser par 10 sa consommation d’énergie. Donc la maison écolo est finalement beaucoup moins chère qu’une autre !
Par ailleurs, pour la conception, il est important d’intégrer les points suivants :
agencement des pièces, dessin de la maison, qui tienne compte à la fois des circulations à l’intérieur, et de l’orientation sur l’extérieur ;
la taille des pièces (est-il indispensable à notre confort d’avoir des chambres de 16m2 si 9 à 12 peuvent suffire ?)
bien des gadgets à supprimer (ex. : volets roulants électriques)
On peut toujours améliorer une construction déjà existante. Pour cela, la première chose sera d’intervenir sur l’isolation (cf ci-dessous). On peut aussi agir sur les matériaux des murs, ce qui ne peut qu’avoir un effet bénéfique sur la santé.
Matériaux
Sylvain Houpert présente des échantillons et commente.
Il faut distinguer les matériaux écologiques des matériaux naturels, car l’amiante existe à l’état naturel.
Isolation
C’est la première chose à faire, y compris dans une rénovation.
Laine de verre : les laines actuelles sont meilleures que les premières. Car les premières générations peuvent avoir un coût sanitaire proche de celui de l’amiante ! Mais son problème est qu’elle ne supporte pas l’humidité, car elle perd alors tout son pouvoir isolant.
La laine de chanvre et la laine de lin sont quant à elles complètement écologiques, et offrent une bonne régulation hygrométrique.
La cellulose peut être utilisé en isolation de combles perdus. Mais comme elle provient de papiers recyclés, il faut être attentif à la présence d’encres, et s’orienter de préférence vers des produits allemands ou suisses qui sont sûrs de ce point de vue.
La laine de mouton peut contenir des antimites, mais certains sont naturels.
Quant à la plume de canard, elle contient de puissants antimites, et il y a peu de choix.
La construction
Le béton n’est pas bon d’un point de vue écologique, mais on en a besoin pour les fondations.
L’aluminium est extrêmement gourmand en énergie.
Pour le bois, il faut faire attention à la provenance, car le transport sur de longues distances peut avoir un impact énergétique négatif.
L’énergie
Quelques chiffres et dates …
On estime qu’au plus tard en 2013, la demande en pétrole sera plus importante que la production ("pic de Hubbert").
(cf. Yves cochet - Le Pic de Hubbert)
- Un pic de Hubbert dans l’extraction de pétrole serait dans ce modèle suivi, comme tout pic, d’un déclin de la production.
L’uranium et le gaz seront épuisés dans environ 70 ans.
Le bâtiment représente environ 40 à 50% de la consommation énergétique d’un pays.
Une directive européenne impose que 21% de l’électricité soit d’origine renouvelable en 2010.
(note : M. Yves Cochet - L’amendement 681 tend à prévoir, en vue de cette stratégie « 1, 2, 3 », la mise en _uvre d’un plan national de développement des énergies renouvelables, ayant pour objectif une contribution de 20 % de ces énergies dans la consommation finale énergétique en 2020. Ceci passe notamment par un objectif européen sur lequel la France s’est engagée : une part de 21 % d’électricité d’origine renouvelable dans la consommation intérieure brute en 2010. Je propose en outre une augmentation de 50 % des énergies renouvelables thermiques et une part de 5 % de biocarburants.
L’amendement 681, repoussé par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, n’est pas adopté.. )
Actuellement en France, on est à 15%(presqu’uniquement grâce à l’hydraulique), et la tendance est à la baisse ! L’Allemagne et l’Espagne font beaucoup mieux, la deuxième pour l’éolien.
Energie « passive »
L’orientation des pièces de la maison est ici décisive. Une grande baie vitrée plein sud, avec un insert, permettent d’atteindre une autonomie de 50%. Par contre, toute ouverture au nord aura un impact énergétique négatif.
Pour l’été, on pensera à se protéger du soleil, avec différents systèmes de stores ou pare-soleil, et pour les murs plein sud, un simple débord du toit au-dessus de la fenêtre suffit à empêcher le soleil d’entrer.
Par ailleurs, on privilégiera la ventilation nocturne pour rafraîchir l’air et les murs en cas de forte chaleur.
Le solaire
L’énergie solaire est une énergie gratuite, abondante et que l’on trouve partout. Après, l’autonomie varie selon les régions. Mais on va économiser plus sur la facture de chauffage en Scandinavie que dans le sud de la France !
Le chauffe-eau solaire fonctionne d’avril à début novembre dans l’Ouest de la France avec une autonomie de 100%. L’autonomie moyenne annuelle, est d’environ 60% dans la Région Centre.
Une participante signale qu’aujourd’hui, journée très froide mais ensoleillée de fin d’hiver, son chauffe-eau solaire a marché la moitié du temps.
Pour une maison, on peut chauffer aussi un plancher basse température.
Pour le chauffage, il faut orienter les capteurs plein sud, et les placer plus à la verticale, à 60-70° par rapport à l’horizon, pour un chauffage solaire, et moins pour un chauffe-eau solaire.
Les capteurs durent au moins 25 ans.
La plupart des systèmes français (Giordano, Clipsol…) sont à base de glycol. Il faut préférer les capteurs auto-vidangeables.
En Espagne, une nouvelle loi oblige les logements sociaux neufs à être équipés de capteurs solaires pour l’eau chaude sanitaire.
(note : Josep Puig, est professeur à l’Université autonome de Barcelone, en Espagne. Il a été conseiller municipal de la ville de Barcelone de 1995 à 1999.
Pour promouvoir le solaire thermique, Barcelone n’y va pas par quatre chemins : un arrêté de la ville impose à tout bâtiment nouveau ou rénové de fournir 60 % de l’eau chaude sanitaire avec des chauffe-eau solaires. Une première qui essaime dans la péninsule Ibérique. Ses promoteurs rêvent maintenant d’influencer l’Union européenne (UE).
Géothermie
Il y a la géothermie de surface, avec un serpentin qui circule à un mètre de profondeur. Il faut un grand terrain bien ensoleillé et sans arbres. Par ailleurs, il faut un sol non goudronné, car il faut un sol bien arrosé et dans lequel le soleil pénètre.
Cela reste le moins mauvais des chauffages électriques, avec un rendement de 300 %.
Le bois
La performance dépend de l’installation. Avec une cheminée ouverte et un conduit pas étanche, le rendement peut tomber à 15% (voire être négatif !).
Par contre, on obtient de très bons rendements avec un insert, et le rendement peut atteindre 85-90% avec un poële à bois à granulés. Dans ce dernier cas, 1,5 m3 de granulés de bois suffit à chauffer une petite maison bien isolée pendant une saison. Dans un poële de masse (à inertie), 3 bûches le matin et 3 bûches le soir suffisent.
Crédit d’impôt
Le crédit d’impôt est plafonné à 16 000 € de matériel sur 5 ans par couple marié ou pacsé, et on y arrive vite ! Par ailleurs, on sait que cela marche pour les inserts, mais l’Arrêté Ministériel sur les poëles n’est pas clair.
… La table ronde se poursuit et les discussions sur le sujet animeront la soirée.
