Une étude régionale de développement industriel et agricole relatif au bioéthanol a été commandée par la chambre régionale d’agriculture afin d’étudier la possibilité d’implanter sur notre territoire l’une des quatre usines projetées par le gouvernement pour répondre à une directive européenne demandant l’introduction de 5,75 % de biocarburants aux carburants d’origine fossile d’ici 2010.
Les biocarburants sont présentés comme la solution miracle aux problèmes d’approvisionnement en carburants fossiles et à la pollution atmosphérique. Mais quand est-il vraiment ?
Tout d’abord, il faut comprendre que le terme “ bio ” qui leur est accolé est une falsification. Ce sont tout simplement des carburants d’origine végétale mais leur intérêt réside dans le fait que ce sont des énergies renouvelables car ils se reproduisent à l’échelle humaine, contrairement aux énergies fossiles que sont le pétrole, le gaz et le charbon.
Ils sont de plusieurs types mais principalement, nous pouvons distinguer :
1 - ceux produit à partir d’oléagineux comme le tournesol et le colza . Par simple pression, à froid on obtient le biodiésel, utilisable tel quel après simple décantation. L’EMHV ou ester méthyl d’huile végétale ou encore Diester est obtenu par estérification de cette huile.
2 - ceux produit par la fermentation de végétaux riches en sucre comme la betterave, ou en amidon, comme les céréales. L’éthanol ainsi obtenu est utilisé tel quel depuis des années, et sans problème particulier, au Brésil et aux USA. Alors pourquoi en France cet éthanol doit-il être transformé en ETBE ou éthyl tertio butyl ester ?
Un bilan énergétique de tous ces carburants a été réalisé par l’ADEME et la DIREN en 2002 et les résultats sont sans surprise : les produits subissant le moins de transformation sont les plus performants du point de vue énergétique et les moins producteurs de gaz à effet de serre.
Cette transformation du Biodiésel en Diester et de l’Ethanol en ETBE, ne contribue-t-elle pas à enrichir les groupes pétroliers et les gros céréaliers et betteraviers propriétaires des usines ? Filière industrielle qui permet également d’écouler les surplus de production de céréales et de betteraves dus à un mode de production industriel, polluant l’air le sol, l’eau et asséchant de surcroît nos nappes phréatiques. Alors quand sera-t-il lorsque cette production sera détournée de sa fonction première, c’est à dire de sa fonction alimentaire ?
D’autre part, il faut prendre conscience que ces carburants ne sont pas la panacée universelle à la surconsommation d’énergie car il faudrait plusieurs planètes Terre pour en produire en quantité suffisante pour répondre aux besoins actuels.
Les Verts proposent donc :
1 - une politique de transport forte en faveur des transports en commun, du fret ferroviaire et des circulations douces.
2 - un soutien des filières courtes de production d’huile végétale, source de revenus supplémentaires pour les petits exploitations, en subventionnant des pressoirs avec une valorisation des tourteaux obtenus pour l’alimentation animale, court-circuitant ainsi les filières de soja OGM d’origine américaine.
3 - l’établissement d’un cahier des charges stricte interdisant l’emploi de pesticides et limitant l’irrigation pour ces productions industrielles que nous pourrons alors vraiment appeler biocarburants .
Nous rappelons que 6000 tonnes de pesticides sont répandus tous les ans en région Centre, que 75 % de nos ressources en eau sont polluées avec l’observation d’ une augmentation significative du nombre des cancers ces dernières années.
Quelle terre allons-nous laisser à nos enfants ?
Catherine FOURMOND