Source - http://www.verts41.org/spip.php?article204 -
Mise en ligne : 26 novembre 2006

Editions Les Petits Matins
L’économie verte expliquée à ceux qui n’y croient pas.
Pascal Canfin, président de la commission Economie et sociale des Verts.

Dominique Voynet préface le livre de Pascal Canfin, responsable de la commission économique des Verts :

Pascal Canfin fait partie de ces personnes qui, comme on dit en Seine-Saint-Denis, où je suis sénatrice, « ne lâchent jamais l’affaire » : sa soif de convaincre est insatiable, sa passion pour la chose publique ne le quitte pas.

Dans ce cas particulier, Pascal Canfin imagine un week-end ordinaire au cours duquel il est amené, comme cela arrive à chacun d’entre nous, à rencontrer des amis, des parents, des personnes assez représentatives de la diversité des situations et des parcours dans notre société. Et les petits gestes qu’on fait dans la vie quotidienne - se déplacer, acheter, manger - sont l’occasion de discuter d’économie et d’écologie, de redresser à petites touches les mille et une idées toutes faites qui entravent l’imaginaire habituel et font qu’on n’ose pas penser que cela puisse vraiment changer.

La première chose, pour convaincre, c’est d’entendre, c’est d’essayer d’entrer dans la position de l’autre pour voir en quoi, même à la base d’une idée qu’on juge contestable, il peut y avoir une aspiration positive, une demande d’égalité, le produit d’une expérience. À partir de là, il faut expliquer, éclairer, essayer de démontrer, sans caricaturer, sans nier les contradictions, les ambivalences et les tensions qui s’exercent sur chacun de nous, selon que nous soyons salariés, consommateurs, parents, travailleurs, voyageurs, amoureux ou militants… - et nous sommes évidemment tout cela à la fois. C’est ce que fait Pascal Canfin, avec patience.

Je trouve la démonstration très réussie : je ne sais pas si ses interlocuteurs ont été convaincus ; en tout cas, ils ne sortent manifestement pas de l’échange comme ils y sont entrés.

D’abord, ils s’aperçoivent qu’il y a une pensée économique verte : car il y a encore des gens pour croire, vingt ans après la fondation des Verts, que nous nous limitons à la défense, par ailleurs nécessaire, des petites fleurs et des petits oiseaux.

Ils découvrent une pensée critique : non, nous n’acceptons pas l’économie politique du capitalisme comme une vérité éternelle ou d’évidence. Non, nous ne voulons pas, à l’inverse, tout étatiser : l’ouvrage montre bien en quoi les Verts sont tout aussi critiques du productivisme de droite que du productivisme de gauche. Ils entrevoient une pensée positive : le propos est d’inventer, de sortir de la répétition, de ne pas s’en tenir à la simple régulation d’un jeu dont on admettrait au fond les règles essentielles.

On trouvera évidemment au fil des pages une mise en cause forte des inégalités actuelles dans la répartition, telles que les ont aggravées les politiques fiscales successives menées - hélas - déjà bien avant 2002 ! Mais la contestation argumentée des dogmes libéraux va au-delà des solutions ressassées sur le partage de la croissance ou la sempiternelle relance de la consommation. Consommer quoi ? Produire quoi ? Comment ? Qui décide pour qui ? D’où il ressort que le pari des Verts est d’abord d’inventer une autre pratique de l’économie, plus démocratique.

Ensuite, le lecteur découvre que cette vision écologiste se décline en propositions bien concrètes, qui concernent là encore la vie de tous les jours. Que ces propositions ne tombent pas du ciel, mais qu’elles s’enracinent dans des pratiques, des expériences, des réalisations déjà testées chez nous ou ailleurs. On veut de l’écologie, on sait en faire, on en fait déjà !

Les propositions qu’évoque Pascal Canfin, et qui ont fait l’objet d’une élaboration collective approfondie, sont chiffrées, inscrites dans le temps et dans l’espace : elles s’affichent clairement comme proeuropéennes et mondialistes, à l’opposé des visions qui appellent au repli égoïste et protectionniste des nations riches. Enfin, elles impliquent la mobilisation libre de chacun : nous sommes loin des mécanos qui enchaînent vertueusement les causes et les effets. Bien sûr, il y a la décision publique, celle que valide ou sanctionne le suffrage universel : la fiscalité écologique, les politiques salariales, la formation, les droits dans l’entreprise, la réduction du temps de travail, les mesures pour sécuriser les parcours professionnels et s’attaquer vraiment au fléau de la pauvreté et de ses nouvelles formes. Mais on découvre aussi les Verts là où on les attendait moins : les incitations à la reconversion industrielle et à la relocalisation des activités chaque fois que c’est possible. L’importance du développement des services de proximité, une certaine idée de l’école…

On voit ainsi comment une politique verte incite au geste qui responsabilise, comment elle encourage l’action consciente du citoyen qui se dit que, là où il est, il peut agir par ses pratiques sur des territoires, sur des communautés lointaines.

C’est dans l’espace situé entre la nostalgie du passé et la fuite en avant dans la surconsommation et le « toujours plus » que se déploie la réponse écologiste radicalement nouvelle : réformer les services publics pour pouvoir les conserver, poser la question de l’utilité sociale et des impacts écologiques des activités productives, ne jamais dissocier la quantité de travail de sa qualité, se battre pour la feuille de paye, mais en sachant que le niveau de vie se mesure aussi à la dépense de logement, de transport, de chauffage et de santé - questions éminemment écologiques -, continuer à déconnecter le travail du revenu… Ce travail de Pascal Canfin, et plus largement le travail programmatique des Verts ces derniers mois, préfigure ce que je voudrais faire à l’occasion de l’élection présidentielle de 2007 : montrer en quoi l’écologie n’est pas un thème en plus, une espèce de supplément d’âme à des politiques traditionnelles. En quoi elle est au cœur des trois grands débats qui nous taraudent : le modèle social français a-t-il encore une pertinence ? Comment faire sortir notre société de la violence qui la mine ? Est-il encore possible de penser la paix dans le monde ?

Il y a une singularité verte dans ces débats : merci à Pascal Canfin de nous l’avoir fait entrevoir. À nous tous d’étendre la démonstration !

D. Voynet


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- En librairie le 18 janvier 2007.

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