Bonjour, je voudrais tout d’abord vous remercier, membres du PS, et plus particulièrement Pascal Usseglio, pour cette invitation amicale.
Une bonne façon d’entretenir des relations amicales, c’est d’arriver avec un cadeau, et éviter dans la conversation les sujets qui pourraient froisser.
Malheureusement, je suis venu les mains vides, et on m’a demandé de vous parler de la taxe carbone et des régionales. Et le plus difficile, c’est que le but de mon propos est d’essayer de vous rassurer.
Vous rassurer au sujet de la taxe carbone.
la taxe carbone telle qu’elle est proposée (14 € la tonne), c’est "du pipi de chat". L’ADEME a calculé que l’impact maximal sur les ménages les plus riches les moins écolos (ceux qui habitent à la campagne, roule en 4x4 avec la clim à fond et prennent l’avion pour aller en vacances skier à Dubaï) sera de 73 € par an seulement, même pas de quoi les inciter à acheter une Rollex solaire. Si la redistribution, le « chèque vert », est correctement faite, elle sera bénéficiaire pour les ménages les plus pauvres, et plus la taxation sera forte, plus ce bénéfice sera important. En Suède, la taxe existe depuis plus de dix ans, et dépasse 100 € la tonne. La Suède est aussi l’un des pays où les disparités sociales sont les plus faibles d’Europe.
la taxe carbone, c’est bon pour les pauvres.* J’ai relevé parmi les critiques un bon argument du socialiste Liem huang Ngoc, soulignant que l’effet de la redistribution sur les comportements sera probablement nul, réduisant à néant l’objectif de la taxe. C’est exact : redistribuer intégralement la recette sous forme de chèque individuel ne permettra pas de soutenir les politiques publiques de transformation écologique dont nous avons besoin, et particulièrement les plus pauvres d’entre nous : des transports collectifs efficaces et peu chers, des bâtiments rénovés, mieux équipés et correctement isolés, et pour ne pas dépenser inutilement des carburants dont le prix ne cessera d’augmenter, des commerces et des bureaux de postes près de chez soit.
nous sommes contre la taxe carbone. Parce que je l’ai dit, pour être efficace, il faut que ce nouvel impôt soit juste et puissant. Il faut, pour promouvoir une fiscalité écologique efficace et populaire, remettre à plat l’ensemble de la fiscalité, s’attaquer notamment aux vrais impôts injustes que sont la TVA ou la taxe d’habitation. Nous voulons non une taxe carbone, mais une « contribution climat énergie », parce que ce qu’il faut taxer, c’est la surconsommation d’énergie, de toutes les énergies.
Le projet de taxe carbone adopté par le gouvernement sera inopérant parce qu’il exclut l’électricité, ne touche pas les entreprises les plus polluantes, ne concerne pas tous les gaz à effet de serre, sans parler du reversement qui touche de la même façon les plus riches et les plus pauvres ou du taux ridiculement bas du prix de la tonne.
Vous rassurer au sujet des régionales.
le scrutin régional est un scrutin à deux tours à la proportionnelle.
C’est avec les Européennes, le scrutin qui correspond le mieux à ce que nous souhaitons, vous et moi, pour la République : un mode de scrutin qui n’écrase pas les formations modestes et permet l’expression réelle de tous les grands courants de pensées politiques.
Ne voyez pas nos candidatures de premier tour comme une division de la gauche, ce que nous voulons c’est faire d’abord l’unité des écologistes avant de rassembler la gauche, car la transformation écologique est indissociable de la transformation sociale.
Partir en autonome, c’est respecter les électeurs qui ont voté pour les écologistes, le 7 juin, et qui ont droit à ce que nous soyons à la hauteur de leurs attentes.
Nous ne ferons pas campagne contre le PS, nous ne ferons pas campagne contre le Modem, nous ne ferons même pas campagne contre Novelli.
Nous ferons campagne, comme nous l’avons fait aux européennes, pour un projet, un projet fondé sur nos valeurs.
Nous travaillons actuellement, avec nos amis des collectifs d’Europe écologie, à l’écriture d’un programme de transformation écologique et social de la région et nous souhaitons porter le plus haut possible les idées et les propositions qui font notre identité.
Nous souhaitons de tout coeur reconduire une majorité de gauche pour la région Centre.
Parce que notre bilan est bon, et parce que je suis sûr que nos divergences (sur les autoroutes, certains villages de marques ou le transport aérien) n’étoufferons pas nos convergences sur les questions sociales aujourd’hui cruciales : l’éducation, l’agriculture, la formation, la culture.
Ce qui fera la force de la gauche, à l’opposé d’une droite ou chacun essaie de se conformer à la volonté d’un seul, ce sera notre capacité à nous rassembler dans le respect de notre diversité, et à travailler sur les bases d’un projet solide, social et Vert, et non pas sur un compromis centriste, libéral et fade.
J’espère que mon discours vous aura un peu rassuré, en tout cas, je vous souhaite, je nous souhaite de l’ambition et de la réussite, pour le Loir et Cher, et pour la région Centre.
Bon dimanche.
Pour les Verts 41,
F. Thiollet