Chefs d’états et gouvernements européens se sont mis d’accord, vendredi 9 mars dernier, sur un seuil contraignant et donc obligatoire de 20% d’énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse) d’ici à 2020 en Europe.
Aujourd’hui, l’énergie primaire produite par les renouvelables en Europe est seulement de 6,4 % ce qui signifie qui va falloir multiplier par trois les renouvelables en 13 ans.
Interview de Yannick Jadot directeur des campagnes de Greenpeace France.
Cet objectif n’est-il pas trop ambitieux compte tenu des politiques énergétiques actuelles des différents pays de l’UE ?
L’ambition est réelle, à la hauteur de l’enjeu climatique sur la même période, à savoir réduire de 20 à 30 % les émissions de gaz à effet de serre en Europe. Cet objectif est réalisable car il est articulé avec un objectif absolument prioritaire de 20% d’efficacité énergétique. Le potentiel en matière d’énergie renouvelable existe. Les investisseurs comme les utilisateurs sont prêts à développer encore plus rapidement ce marché dont les technologies et les coûts s’améliorent très rapidement. Des politiques publiques volontaristes seront néanmoins indispensables, ce que ce soit en termes d’incitations économiques, fiscales et réglementaires afin d’orienter les investissements publics et privés vers les renouvelables.
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La France cherche à imposer coûte que coûte son nucléaire se permettant même de qualifier les anti-nucléaires d’utopistes. Les allemands, les espagnols et autres pays qui ont annoncé leur sortie du nucléaire, sont-ils si déconnectés des réalités ? Ne peut-on pas parler d’une certaine arrogance française ?
La " realpolitik " énergétique est clairement chez nos voisins qui se dotent de politiques énergétiques répondant à un quadruple objectif : réduire les émissions de CO2 pour lutter contre les changements climatiques ; améliorer leur sécurité énergétique en réduisant leur dépendance vis-à-vis de l’extérieur ; créer de nouveaux secteurs industriels dynamiques et fortement créateurs d’emplois ; sortir du nucléaire pour en limiter les risques. Ces politiques se traduisent par un investissement massif dans l’efficacité énergétique (l’isolation du bâtiment par exemple) et dans les renouvelables.
En Allemagne comme en Espagne, ce sont plus 150 000 emplois qui ont été créés en quelques années et des dizaines de milliers d’autres prévus. Surtout, contrairement à la France, leurs émissions de CO2 diminuent significativement.
Il est temps qu’arrive en France une nouvelle génération de décideurs, ouverts sur les expériences réussies en Europe et ailleurs (la Chine et les Etats-Unis sont dans le trio de tête mondial en matière de renouvelables) et qui sortiront la France de son arrogance nucléaire pour la faire monter dans le temps de la nouvelle économie énergétique.