A droite comme à gauche, des maires disent leur scepticisme.
Deux éléments ont fait pencher la balance : le souci de ne pas se voir reprocher une quelconque inaction "si les actes de violence reprennent lors du week-end du 11 novembre" ; et l’intérêt de certaines mesures, hors couvre-feu, instaurées par la loi de 1955. "On va pouvoir s’occuper de quelques bars associatifs tenus par des communautés, qui nous enquiquinent depuis des années", souligne M. Perruchot, tout en reconnaissant que ces établissements ne sont "pas forcément liés aux actes de violence" commis à Blois.
D’autres maires de droite ont accueilli avec scepticisme l’instauration de l’état d’urgence. "J’ai quelques doutes sur le dispositif. Je ne crois vraiment pas que ce soit la mesure phare du moment", confie le sénateur des Pyrénées-Orientales et maire (UMP) de Perpignan, Jean-Paul Alduy, en soutenant que la "méthode" de Nicolas Sarkozy "porte ses fruits".
"STRATÉGIE DU CONFINEMENT"
"Tout va dépendre de son application et de la capacité que vont avoir les préfets à faire preuve de discernement. L’avenir dira si c’était utile", note le député (UMP) de Seine-et-Marne et maire de Montereau, Yves Jégo, proche du ministre de l’intérieur. "N’imposez pas le couvre-feu là où nous n’en avons pas besoin, sans quoi vous prendriez le risque de raviver les tensions que nous avons pu apaiser", a déclaré le député (UDF) de Seine-Saint-Denis et maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, mardi, lors du débat organisé à l’Assemblée nationale.
A gauche, les partisans du couvre-feu sont très minoritaires. S’y rangent les tenants d’une ligne sécuritaire au sein du Parti socialiste, comme le député de l’Essonne, Manuel Valls : "Il ne faut rien faire qui puisse empêcher le gouvernement de retrouver les conditions de l’ordre républicain", a déclaré le maire d’Evry sur Europe 1, mardi.
La plupart des élus de gauche dénoncent un dispositif qu’ils jugent très difficile à mettre en oeuvre, et dont ils redoutent les effets pervers. Député (PS) du Val-de-Marne et maire de Créteil, Laurent Cathala, qui se dit soucieux d’"éviter tout amalgame", évoque des "risques de stigmatisation et d’incompréhension" . "Ce qui manque à ces quartiers, c’est de la vie sociale. On la limite encore plus si on dit à ces jeunes : "Restez entre vos murs"", ajoute M. Cathala.
"Je ne vois pas comment on pourrait faire respecter (le couvre-feu) sans faire appel à l’armée", souligne le maire (PCF) de Sevran (Seine-Saint-Denis), Stéphane Gatignon. Le maire de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Michel Bourgain (Verts), condamne une "stratégie du confinement" qui équivaut, à ses yeux, à un "Tchernobyl social". Il lui préférerait nettement la démission de M. Sarkozy, qui "provoque l’insécurité" .
Jean-Baptiste de Montvalon